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Interview de Dr. Ouoba Labity, représentant de Messe Frankfurt

Interview de Dr. Ouoba Labity, représentant de Messe Frankfurt

Qui est Dr. Labity Ouoba, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Dr. Labity Ouoba est le représentant officiel de Messe Frankfurt (MF) en Afrique de l’Ouest francophone. Je couvre 10 pays de la zone francophone : Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad. Mon activité consiste à promouvoir et vendre nos salons aussi bien aux exposants, afin qu’ils exposent lors de nos foires, qu’aux visiteurs professionnels à la recherche de partenaires ou de nouveautés dans leur secteur d’activité. Je participe aux renforcements des capacités en assurant des formations aux entrepreneurs et aux acteurs en charge de la promotion des exportations dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest. Ces formations vont de la recherche du salon adapté, de la production, de la vente, du paiement jusqu’à l’envoi des marchandises après la conclusion du contrat.

Messe Frankfurt est le leader mondial d’organisation de salons, de congrès et d’événements parmi les organisateurs ayant leur propre parc d’expositions. Un des atouts majeurs qui différencie notre groupe réside dans le réseau de distribution mondial qui couvre toutes les régions du monde avec une présence très forte. MF dispose d’une expertise -Texpertise – très poussée dans le domaine du textile. Depuis la période médiévale à nos jours, MF a toujours été une plateforme pour les hommes d’affaires du monde entier. Le siège se trouve à Francfort-sur-le-Main. Elle est détenue à 60% par la ville de Francfort et à 40% par le Land de Hesse.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amené à travailler pour Messe Frankfurt ?

Je suis titulaire d’un doctorat en logistique et transport internationaux de marchandises. De même, j’ai une expertise dans le domaine du transport international aérien et maritime de marchandises. Je recherche la solution la plus adaptée en tenant compte du type de marchandises, de la destination, des délais. Je conseille des institutions internationales ou l’administration de certains pays africains quant à l’importance des coûts logistiques de transport dans la réalisation de leurs projets de développement.

C’est dans le cadre de mes activités logistiques que j’ai connu Messe Frankfurt. J’ai contribué à la résolution des questions de transports de plus d’un participant, tous pays confondus, lors de leur participation à nos salons. Il y a toujours des soucis lorsque les participants à un salon n’ont pas la maîtrise de la chaîne de transport (délai de transport, méconnaissance des règles en matière de douanes, de législations, etc.). La participation à un salon à un coût (stand, voyage, hôtel, accommodation, etc.) et se tient pendant un maximum de 5 jours. Une catastrophe, si les produits arrivent après l’ouverture ou dans le pire des cas après la fermeture du salon !

J’ai été remarqué par les responsables de MF, en pleine réorganisation de leur réseau en Afrique, j’ai postulé au poste de Représentant et mon dossier a été retenu.

Quelles sont les tendances futures de l’industrie textile à l’échelle mondiale ? Et sur le continent africain ?

La globalisation concerne aussi le secteur du textile. Nous assistons à une évolution permanente des besoins et habitudes de consommation des populations à travers le monde. Néanmoins, avec beaucoup de spécificités d’un pays à l’autre. En Allemagne, les productions basées sur le coton bio prennent de plus en plus de l’importance, à tel point que nous avons un salon Neonyt à Berlin entièrement dédié à tout ce qui est bio. Les couleurs et le design basés sur des motifs et la culture africaine sont de plus en plus présent dans les rayons des grandes marques occidentales. Une franche de la classe moyenne aisée est à la recherche de nouvelles marques, ne porte plus la cravate classique et ne veut plus porter ce qui est produit en masse. Elle recherche donc de l’exclusif produit en quantité limitée.

En Afrique on peut citer le cas du Burkina Faso avec son Faso dan Fani qui fait la fierté de toute une génération et ceux jusqu’au-delà des frontières nationales.

Une chance pour les producteurs et designers africains qui sont généralement sur des marchés de niche.

Que pensez-vous de la situation actuelle de la chaîne de valeur du coton en Afrique ? De quelle(s) manière(s) son développement pourrait-il permettre l’essor des états africains ?

Il s’agit ici d’un choix, d’une approche, d’un projet de développement basé sur une analyse d’une situation dans un secteur donné. La chaîne de valeur permet une analyse et contribue à la mise en place de structures, d’un tableau de bord, qui ont pour objectif de capitaliser les aspects positifs de cette chaine. On pourrait parler ici de la division du travail qui fait quoi et qui fait mieux afin de dégager une plus-value à tous les niveaux de la chaîne.

Les Etats Africains et le secteur privé ont compris l’importance de la chaîne de valeur. Je prendrais en exemple le cas du designer François 1er du Burkina Faso, qui travaille le coton bio, a construit une unité de tissage semi-industrielle mécanisée, travaille ensuite le tissu dans ces ateliers de confection. Cette chaîne conçue lui permet d’assurer un suivi et une qualité des produits qu’il met sur le marché tout en éliminant les risques depuis la production du coton jusqu’à la mise du produit fini sur le marché.

Nous avons là un exemple du comment une chaîne de valeur peut fonctionner. Maintenant une autre étape serait de voir comment assurer la division du travail afin que d’autres acteurs viennent s’y agripper et apporter aussi leur savoir-faire et leur expertise pour un développement harmonieux de tout le secteur.

A la fin nous n’aurions pas un seul partenaire ou une seule entreprise mais une multitude de petites et moyennes entreprises chacune participant avec son expertise à la construction de l’ensemble.

A mon avis, la chaîne de valeur est un instrument qui doit être adapté à chaque activité bien précise. Je m’explique, nous avons constaté que dans cette chaîne, il manque un maillon que je nommerais « Trader », qui devrait assurer à côté du designer ou du producteur la commercialisation du produit dans l’intérêt du premier et non dans son intérêt comme entrepreneur. Si tel était le cas, toute la plus-value reviendrait à « l’entrepreneur trader » et le producteur ou designer reste généralement sans revenu substantiel. C’est ce qu’il faut éviter.

Identifier les principales activités et les niches, créatrices de valeur ajoutée, optimiser ces activités pour augmenter la marge bénéficiaire, et ce depuis la culture du coton jusqu’à la production et la commercialisation des habillements hauts de gamme et enfin assurer le renforcement des capacités à tous les niveaux.

Messe Frankfurt a divers événements programmés cette année en Afrique, tels que Africa Sourcing and Fashion Week (ASFW) à Addis Abeba, en Octobre 2020. Quels sont les avantages de participer à de tels événements ? Qui ciblez-vous à travers ces évènements ? Ces évènements ont-ils des impacts concrets sur l’emploi et l’intégration des jeunes et des femmes en Afrique ?

Un des objectifs premiers de la participation à un salon professionnel c’est de voir et d’être vu par des professionnels (vendeurs, acheteurs, financiers, banquiers, etc.). Si vous êtes présents vous pouvez voir ce que les autres font, et vos produits, s’ils sont de qualité, seront appréciés et achetés en quantité à leur juste valeur.

ASFW accorde une place de choix à la jeunesse africaine. C’est une place de marché microéconomique sur 4 jours, du 31.10 au 03.11 qui a pour prétention de représenter le meilleur de l’Afrique. Sur le plan macroéconomique, c’est le monde entier des acheteurs, des grands groupes qui seront présents pour passer des commandes pour le marché mondial. C’est aussi le lieu de rencontre des bailleurs de fonds prêts à accompagner les jeunes talents présents.

Nous ciblons :

– Comme exposants : des structures comme la Banque Africaine de Développement (Fashionomics Africa), l’Organisation des Nations Unies (programme sur la durabilité), les Etats Africains (pavillons nationaux), ou des entreprises individuelles africaines de production à la recherche de notoriété sur le marché africain et international et voulant montrer leur talent.

– Comme acheteurs et/ou visiteurs professionnels, nous ciblons les grands groupes leaders dans la vente des articles de vêtements et accessoires, les détaillants et les demi-grossistes afin de passer des commandes d’achats des produits présentés par les talents africains ; enfin, toute structure intéressée par la mode et le design africain.

ASFW est la grande fête de la mode africaine dédiée au marché africain et international.

L’impact c’est que si une structure de production obtient un marché, il est évident qu’il y aura plus de travail dans son unité de production locale ; elle fera appel à plus de travailleurs afin de remplir son contrat de commande ; par la division du travail, les couturiers auront plus de travail, et les producteurs de coton seront aussi sollicités.

Encore une fois, l’impact du Faso dan Fani sur l’emploi des jeunes et des femmes au Burkina Faso est une réalité. Vous imaginez de tels développements au niveau régional et de l’Afrique ? Nous allons assister à une croissance accélérée de l’emploi des jeunes et des femmes en Afrique. Toute la chaîne sera mise en contribution. La formation et le renforcement des capacités permettra la participation effective de la jeunesse et des femmes au processus de développement socioéconomiques, l’intégration des jeunes et des femmes deviendra une réalité.

En un mot, à ASFW les exposants trouveront grace à notre réseau et réseautage les partenaires et les décideurs adéquats au développement de leurs activités.

Quel conseil donneriez-vous aux entrepreneurs souhaitant se lancer ou opérant dans les secteurs du textile, de l’habillement des accessoires sur le continent ?

Continuer à développer l’esprit d’entreprise, ne jamais se décourager, persévérer et croire en leur force ; s’inspirer de la culture, de la tradition et des couleurs africaines afin de créer leur propre label ; travailler sur la qualité et tenir compte des tendances sur le marché international ; faire la différence entre création, design et « trader » afin de mieux vendre leur savoir-faire ; participer à des salons professionnels dédiés à leur secteur d’activité…

Pour ma part, je reste à leur disposition pour leur permettre via Texpertise de Messe Frankfurt, d’accéder à l’information et à la formation dont ils ont toujours besoin dans le secteur du textile.

source : https://fashionomicsafrica.org/

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